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Meriem Houzir sur Serge Antoine

Journée d’hommage à Serge Antoine le 4 octobre 2006

C’est une double responsabilité pour moi d’intervenir en fin de journée : la première étant qu’il me sera difficile de prendre la parole après des témoignages aussi riches en personnalités et en contenus ; la deuxième responsabilité concerne les trentenaires que je me permets de représenter, et dont on a beaucoup parlé depuis ce matin, étant donné qu’ils sont chargés de prendre la relève par rapport à tous les engagements initiés et menés par Serge Antoine.
Pour commencer, je tiens à dire que je suis privilégiée d’être parmi vous aujourd’hui pour témoigner en hommage à Serge Antoine, surtout privilégiée de l’avoir rencontré il y a presque dix ans. C’était lors d’un séminaire organisé par l’association 4D sur le thème « Le développement durable, bonne idée ou fausse route ». En tant que jeune chercheur, lors de ce débat, j’avais pris la parole. Pour moi, le développement durable représentait une nouvelle révélation, un nouveau combat, et je me suis exprimée en disant que le développement durable était encore un concept trop jeune pour l’enterrer, tant que nous n’avions pas exploré toutes les pistes pour le mettre en œuvre et lui laisser tout de même le temps de mûrir. Nous, jeunes, avions besoin d’un concept comme celui du développement durable pour continuer à croire à un monde meilleur et solidaire et il fallait donc nous laisser cette chance d’aller jusqu’au bout avant de juger de la pertinence ou non du développement durable, notamment à des échelles régionales comme la Méditerranée qui représente un intérêt commun avec Serge Antoine et dont je suis issue.
À la fin de ce débat, Serge Antoine est venu me voir et, depuis, j’ai eu l’immense plaisir de l’accompagner à travers diverses missions, autour de thématiques liées au développement durable. Il m’avait en particulier confié une étude sur les objectifs du Millénaire pour le développement durable en Méditerranée, et c’était vraiment passionnant de pouvoir mener une recherche en collaboration avec Serge Antoine, bien qu’il fût souvent difficile de suivre son rythme de travail. Ce qui l’intéressait le plus c’était de remonter un peu le temps pour voir l’évolution en termes de progrès pour la mise en place des objectifs du Millénaire, une approche rétrospective. Et il souhaitait une approche prospective afin de dégager des tendances et de comprendre, d’analyser et d’évaluer les perspectives de réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement durable par les pays du nord, du sud et de l’est de la Méditerranée. À son grand regret, une des difficultés résidait dans les défaillances en termes de statistiques, pour essayer d’élaborer des scénarios sur la base d’une évolution du passé. Il voulait absolument que je trouve des chiffres, des données sur vingt ans concernant les cibles des objectifs du Millénaire, ce qui s’avérait laborieux et a engendré une grande frustration pour nous deux. L’enjeu était encore plus grand dans la mesure où Serge Antoine avait l’ambition de présenter les résultats de cette étude lors d’une rencontre des chefs d’État de la Méditerranée suite aux engagements qu’ils avaient pris au sommet de Johannesbourg en 2002.
Par la suite, j’ai eu le plaisir d’accompagner Serge Antoine à Barcelone, Nice, Marseille… notamment lors de réunions de la Commission méditerranéenne du développement durable sur les villes, le patrimoine, le tourisme et bien d’autres thèmes. J’ai eu aussi l’honneur qu’il ait répondu à mon invitation à ma soutenance de thèse de doctorat. C’était un grand privilège pour moi, jeune thésarde, d’avoir parmi les participants, à côté de Christian Brodhag qui était membre du jury, une grande personnalité comme Serge Antoine qui s’est rendu disponible et donnait beaucoup d’importance à mon travail de recherche. Je précise que c’était sur une thématique qui l’intéressait beaucoup : L’approche territoriale du développement durable dans les villes du Sud.
Il a toujours été présent pour m’encourager à continuer et croire à notre combat autour du développement durable, notamment ce qui nous liait beaucoup c’était la dimension de solidarité internationale Nord-Sud et la lutte contre la pauvreté, deux dimensions du développement durable dont il était très sensible.
Pendant toute cette période où je l’ai côtoyé et ai travaillé avec lui, Serge Antoine représentait pour moi le visionnaire ou, plutôt et surtout, le passeur. J’aime beaucoup ce terme, et pour moi, il représentait le passeur dans toute sa splendeur. Il m’a appris l’importance de l’articulation et de la conciliation entre différentes échelles : échelles temporelles à travers l’approche rétrospective et prospective, l’articulation entre les échelles spatiales et géographiques et donc entre le local et l’international. Dans toutes les missions que j’ai faites avec lui, à chaque fois, il fallait traduire les engagements internationaux au niveau national, régional et local. Il m’a appris également l’importance pour aller vers le changement de l’articulation des niveaux de décision, des grandes institutions à la société civile. Il m’a appris aussi la nécessité de toujours confronter la pertinence des concepts, la théorie, aux réalités du terrain.
Dans le domaine de la recherche, il regrettait amplement le manque d’une approche interdisciplinaire qui, pour lui, paraissait indispensable pour aller dans le sens du développement durable. Il critiquait beaucoup l’Académie française, dans l’enseignement, dans la mesure où effectivement, cela reste cloisonné, sectoriel. Pour lui, en termes de développement durable, nous ne pourrons pas aller de l’avant tant que nous n’aurons pas orienté la recherche vers des approches interdisciplinaires, au-delà de la pluridisciplinarité.
Ce que j’admirais également chez Serge Antoine, c’est qu’il croyait profondément à la transmission intergénérationnelle. Il savait valoriser et surtout donner leur place aux jeunes qui avaient la chance de le côtoyer. C’est un immense privilège de le connaître, notamment en début de parcours, parce qu’il permet de redonner l’optimisme et l’ambition nécessaires pour aller au bout de ses convictions.
Enfin, pour conclure, pour moi, Serge Antoine incarne, à travers son parcours personnel, professionnel et militant, les principes mêmes du développement durable que nous essayons de défendre tous, chacun à son niveau ici présent.
Quand on a eu la chance de rencontrer Serge Antoine, on n’en sort pas indemne, on est incarné, imprégné de plein de valeurs qui nous permettent d’aller de l’avant et continuer à croire au changement. En termes de valeurs, ce que je garde en mémoire de Serge Antoine c’est sa simplicité, son humanisme, sa grande écoute – portant intérêt à tout ce qu’on disait, quelle que soit la personne qui le disait, et quel que soit le contexte où cela se disait –, sa grande générosité, sa disponibilité – alors qu’il était sur d’immenses chantiers –, sa passion pour ce qu’il faisait, sa joie de vivre, sa persévérance. Quand on est jeune et qu’on commence à rencontrer toutes les difficultés inhérentes à la complexité du développement durable, on a tendance à laisser tomber ou à abandonner alors que, lui, quand on voit son parcours, on ne peut que continuer à y croire, à la ténacité. Surtout, ce qui m’a beaucoup marquée, ce sont ses exigences intellectuelles, son utopie réaliste. Pour moi, autant de grandes qualités d’un grand homme qui représente pour les jeunes, dont je fais partie, les qualités du parrain, du père idéologique dont on a tous rêvé.
Ce qui me désole, puisque nous sommes dans les perspectives, c’est que la plupart des jeunes n’ont pas eu l’occasion, la chance de connaître et de côtoyer Serge Antoine. Aujourd’hui, autour de moi, plusieurs jeunes qui sont dans le combat du développement durable ne connaissent pas Serge Antoine. La piste que je voudrais lancer concerne un projet auquel il avait participé, qui lui tenait à cœur mais que nous n’avons pas pu mener au bout, en collaboration avec Farid Yaker, Christian Brodhag et Michel Mousel. Il s’agit d’un film sur les Mémoires du développement durable. Le film se ferait à travers des témoignages auprès des penseurs-pionniers, des officiels-précusseurs, des témoins-passeurs, toutes ces personnalités qui ont contribué à l’émergence, à l’évolution et à la promotion du concept de « développement durable » car peu de supports visuels autour de ces personnalités existent aujourd’hui. Ce serait, en fait, un moyen de transmettre aux générations futures un éclairage sur les parcours, les motivations, les convictions qui les ont amenées vers le chemin du développement durable.
Pour finir, j’ai eu le plaisir aussi d’être accueillie par Aline Antoine à son domicile pour essayer de reconstituer la bibliographie de Serge. Pendant trois jours, j’ai planché sur une partie de ses archives et c’est extraordinaire de découvrir le nombre de dossiers, de thèmes, de problématiques sur lesquels il a pu écrire depuis 50 ans et qui restent aussi peu connus, et par les pairs et les experts du développement durable.

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« Discours de clôture des 10 ans du Comité 21 », 24 novembre 2005

Auteur : Serge Antoine

Source : Comité 21  2005

Cher Éric, chère Anne-Marie, chère équipe, cher François Gourdon, mon successeur, et d’abord à vous, chers amis, merci d’être venus non pour écouter mais pour donner. J’ai retenu que donner était plus important que le reste. L’amitié est le don, et vous êtes en train de donner, vous êtes en train de vous engager à donner.
Mes mots sur le passé seront très brefs. Je voudrais simplement dire notre reconnaissance à tous. J’ai effectivement « fondé » ce Comité 21, mais je dois tout à trois femmes : Simone Veil, Huguette Bouchardeau et Bettina Laville, qui nous a fait l’amitié de venir aujourd’hui. On leur doit tout après le Sommet de Rio qui donnait lui aussi, mais il fallait récolter.
En fait, je me suis trompé. Il faut toujours reconnaître ses fautes. Mon premier ministre de l’Environnement, Poujade, m’avait demandé ce qu’était l’environnement, parce que son expérience était légèrement plus courte que la mienne. Je lui avais répondu que c’était une guerre de Trente Ans. Je me suis « mis le doigt dans l’œil », car les trente ans sont passés et le combat continu…
Je voudrais vous donner un seul mot, non pour cette clôture mais pour ce passage : persévérer. Ce qui m’irrite le plus, c’est d’entendre encore parfois des gens dire que c’est une mode et qu’elle passera, comme la productivité. Les mots ne meurent pas. J’en ai fait l’expérience. Je n’ai aucun attachement aux mots « développement durable » que j’ai critiqués avec Brice Lalonde dès le premier jour, mais on ne peut pas lutter contre les choses.
Le développement durable n’est pas une mode qui va passer. J’ai travaillé, pendant plus de trente ans, avec des mots comme « l’aménagement du territoire », « l’environnement » et « le développement durable » dont on disait qu’ils étaient racoleurs. Je peux dire qu’ils racolent bien, qu’ils continuent à vivre et à devoir s’enrichir. C’est important.
Le développement durable ne fait que commencer et se « sévériser ». Ce que nous avons entendu aujourd’hui n’est rassurant ni pour la planète ni pour les inégalités… Ces mots vont s’enrichir. Mon souhait serait qu’on les décline encore davantage sur le mode social et sociétal. Cela a été dit ici et je voudrais joindre ma voix à ceux qui le disent.
Je voudrais aussi dire que le développement durable va devoir s’enrichir de la dimension culturelle, non celle des beaux-arts, mais celle que nous portons en nous, avec les valeurs, les espérances, l’éthique et les comportements que nous avons à assumer. « Les culturels » du développement durable viennent de gagner une belle bataille à l’Unesco. Cent cinquante et un pays ont introduit fortement cette dimension culturelle dans le développement durable.
Je remercie infiniment toute l’équipe, c’est-à-dire vous tous, d’avoir basculé de la célébration vers la responsabilisation et l’engagement. Vingt sommets ont été ratés, parce qu’on assiste à des déclarations. Je vous remercie tous, à votre manière, à votre rythme, de l’avoir fait non comme un modèle mais comme une envie, une ambition. Certes, nous portons tous des ambitions plus grandes que celles que nous pouvons assumer. Le Comité 21 serait certainement le premier à recevoir l’impossible si le mot n’était pas décliné d’une autre manière.
Notre premier ministre, Poujade, parlait de « ministère de l’impossible ». Nous sommes tous ici pour l’impossible, mais l’impossible que nous pouvons changer. C’est important. Merci d’avoir transformé cette célébration en engagements. Merci d’être fidèles à ce qu’on nomme, en France, « Y aller en marchant ». Ce proverbe est, me semble-t-il, lorrain, mais assumons tous les proverbes, quelle que soit leur province, pour en prendre le meilleur.
Le développement durable n’est pas un état. Il est un devenir. En ce sens, nous pouvons nous donner rendez-vous sans ambition démesurée et pas seulement dans dix ans mais dès demain, dès après-demain, pour regarder le bilan de l’évaluation à laquelle nous sommes tous attachés.
Voilà les vœux que je peux, cher Éric, donner, me donner, nous donner. La reconnaissance viendra toute seule, si j’ose dire. Elle viendra de l’Europe, si celle-ci bouge un peu plus, et il serait mieux d’avoir des partenaires qui bougent. Elle viendra de la planète, de cette gouvernance mondiale qui va finir, un jour, par se transformer. Elle viendra aussi des régions du monde. Je pense évidemment, et je ne pouvais pas ne pas penser, à la Méditerranée. Nous allons chercher cette reconnaissance, mais l’important est de la mériter.
Merci à tous d’avoir apporté un écho local, auquel je crois énormément, entrepreneurial, public et associatif, pour que nous puissions ensemble – c’est la devise du Comité 21 – faire progresser les choses qui, si nous ne le faisons pas, iront plus mal que ce que j’entendais il y a trente ans. Merci.

Serge Antoine (2005)
Président d’honneur du Comité 21

* Actes des 10 ans du Comité 21, Paris, Comité 21, 2006, p. 198.

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Ce que l’on peut attendre de la conférence de 1992 de Rio ‘Environnement – développement’

Auteur : Serge Antoine

Source : note  février 1991

La Conférence mondiale de 1992 de Rio de Janeiro sur l’environnement-développement, se tiendra au niveau des Chefs d’Etat ou de Gouvernement.
Elle ne peut pas se contenter d’adopter des déclarations ou des conventions de caractère juridique. On attend d’elle une avancée de la solidarité mondiale, particulièrement entre le « Nord » et le « Sud » et une mise en place décisive de systèmes pratiques de gestion de la planète, tant il est vrai que, depuis 1972 à Stockholm, on constate un saut énorme dans l’évaluation de la fragilité de la terre.
Ce que l’on attend de la Conférence est, avant tout, la mise en route d’outils opérationnels sur lesquels les scientifiques, les gouvernements et leurs autorités, mais aussi les entreprises et les associations pourront, comme les populations, travailler en connaissance de cause.

La présente note énumère quelques « produits éventuels de cette Conférence.

Serge ANTOINE

-I- FAIRE LE POINT

1992 est une occasion de faire le point : la connaissance globale des problèmes de l’environnement dans leurs liaisons avec le développement économique et social, comporte, certes, quelques lacunes (qu’il faudrait recenser pour orienter la recherche). Mais il conviendrait, pour la CNUED, de ne pas passer trop de temps à faire préparer par la communauté scientifique des rapports de référence.

Cependant, deux éléments seraient utiles :

1. Un rapport sur l’évolution 1970-1990-2100
Un bon « état mondial 1992 de l’environnement » sera, certes, préparé. Mais l’important, ce n’est pas la photographie de la situation actuelle ; on a besoin d’un rapport sur l’évolution depuis vingt ans (1) et pour les vingt prochaines années sur les relations entre environnement et développement.
L’horizon 2000 du rapport Bruntland était court : 2010 permet d’allonger la période étudiée. Un séminaire sur 2010 avec des indications à l’horizon 2050 et au-delà serait utile ; il pourrait être lancé par la CNUED avec des prospectivistes, environnementalistes et économistes du Nord et du Sud.

2. Les rapports de diagnostic et de problématique, sont plus nombreux que ceux qui s’attachent à proposer de réponses et des voies et moyens. C’est d’autant plus dommage que la remontée planétaire des problèmes a, aujourd’hui, un effet pervers : celui d’encourager la démobilisation des Etats, des institutions, des « sociétés civiles » (entreprises, ONGs, collectivités locales, etc.) et des populations.
« Le problème est mondial, alors que puis-je y faire ? »
Il est proposé que soient réunis, avant 1992, des ateliers de travail écorégionaux à qui il ne serait demandé que des propositions concrètes de mise en œuvre. Ces ateliers – une demi-douzaine de groupes restreints (30 à 40 experts) – fourniraient « l’humus » de la Conférence de 1992.

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(1) Stockohlm 1972

Enfin, il serait bon que le monde dispose d’un véritable observatoire indépendant fonctionnant après 1992.
La planète est de plus en plus sujette à des problèmes qui doivent être mesurés avec soin. Un observatoire mondial du développement dans ses relations avec l’environnement s’impose, bénéficiant des outils les plus contemporains, en particulier, à partir de l’observation spatiale.
Cet observatoire ne sera pas une création ex nihilo ou centralisée : il sera conçu comme une tête de réseau prenant appui sur de institutions spécialisées, publiques ou privées, nationales ou déjà partiellement internationales (par exemple, le GEMS, l’agence européenne pour l’environnement). L’observatoire mondial sera donc fait d’un réseau d’observatoire.
Cet observatoire pourraît être l’occasion de mettre en place, au plan mondial, un Conseil de Surveillance de la Planète comprenant des scientifiques (ne pas oublier les sciences de l’homme), des ONG et des « ingénieurs » de l’environnement-développement. Ce Conseil donnera à l’Observatoire et à l’information qui en sortira, l’indépendance nécessaire. Le Conseil produira tous les cinq ans un rapport sur l’état du monde et veillera à publier tous les ans un résumé des séries statistiques essentielles et des éclairages sur les points clés encore peu explorés ; il mettra au point des « clignotants ».

II. UNE CHARTE

Elle sera concise :

On se gardera de souligner la prééminence de l’environnement per se. Mais on affirmera dans cette charte :

• Le droit au dévelopemment.
Ce droit, pour chaque pays, s’accompagne de devoirs, internes (par exemple, maîtrise de la démographie, formulation de stratégies à long terme, etc… ou astreinte à un développement rigoureusement « propre » pour les pays de fort niveau de développement) et externes (solidarité, pour aider les pays qui ont des difficultés à trouver de voies respectueuses de l’environnement, relations avec les voisins …).

• L’importance de la problématique sociale.
Rio ne doit pas être d’abord une conférence écologique, mais d’abord une conférence pour les hommes dans leurs rapports avec leur environnement : à ce titre, par exemple, créer des emplois qui favorisent l’environnement, est une exigence. Il faut parler de celles des grandes pauvretés qui sont liées à l’environnement.

III . UNE FETE DE LA FRATERNITE

A Rio et off Rio, et, si possible en simultané dans toutes les régions du monde, une fête de la solidarité mondiale pour le développement et l’environnement sera non un feu d’artifice éphémère de la fraternité mais l’engagement d’une affirmation d’optimisme au-delà des problèmes dramatiques du monde contemporain.

Fête et manière de présenter de nouvelles relations entre environnement et développement, seront décisives pour le succès populaire de la Conférence de Rio.
Cette Conférence s’adresse au grand public, aux milliards d’hommes de cette terre, qui n’ont pas encore « bougé » depuis les campagnes parfois un peu moroses sur l’environnement.

IV . DES CONVENTIONS MONDIALES

On recensera tout de suite, organisation par organisation, les conventions (climats-biodiversité-forêts) dont le processus est engagé ou le sera avant juin 1992.
Sauf exception, il est inutile d’en lancer de nouvelles si on veut qu’elles soient prêtes pour Rio.

A Rio de Janeiro même, il ne sera pas concevable que de terminer des conventions ou des protocoles qui en seront à leur dernière phase. Mais on veillera à signer, avec un fort retentissement, celles qui seraient prêtes.

-V- DES OUTILS

Les « outils pratiques » sont certainement les produits les plus utiles de la Conférence de Rio.
On attend pour l’environnement-développement autre chose que des déclarations et des conventions.
Ce sont les moyens concrets d’une politique, en particulier en faveur des pays en développement qui font le plus défaut.

On se limitera ici, parmi d’autres, à huit propositions.

1. Des transferts de technologie
Partout aujourd’hui, est abordé le problème des technologies appropriées ou combinées et du « transfert de technologies » en faveur des pays ou des groupes défavorisés. On se bat sur des formulations (« préférentiel » ou « juste et équilibré »). Mais, aucune organisation internationale n’a encore véritablement pris à bras le corps cette question pour la faire avancer et trouver des outils pratiques et des stratégies de réponse. Il faudra le faire pour 1992.
On devra s’efforcer de traiter le problème dans toute son ampleur, c’est-à-dire en ne limitant pas le sujet aux coûts de l’utilisation des brevets, mais en prenant en compte l’identification, l’information, la dissémination, la formation, l’insertion dans les processus d’activité, les rapports entre technologie et culture ; le recours aux techniques protégées par un droit, est un point, mais l’un seulement d’une longue chaîne.
1992 devrait, sur ce sujet, être l’occasion d’une proposition de structure et de moyens à l’échelle internationale. Cette proposition ne s’appliquera pas en bloc ; elle pourra se mettre en place sur des champs progressivement ouverts de préférence sur les thèmes de l’environnement global : par exemple, pour commencer, sur l’ozone et sur le réchauffement des climats.

2. L’éco développement au-delà des prototypes
Les relations environnement-développement consacrent les notions « d’éco développement » qui ont été dégagées à Founex, en 1971.
Aujourd’hui, 20 ans après, le concept est admis, mais la pratique est encore loin de répondre aux soucis de la fertilisation croisée environnement-développement. Pour aller plus vite, en particulier pour les pays en développement, on s’efforcera d’identifier les expériences réussies (ou les impasses) bien enracinées dans l’économie. Dans chaque pays, une dizaine au moins d’expérience pourraient aider à constituer un stock de références utiles à partir desquelles une collaboration Nord-Sud et surtout Sud-Sud pourrait avancer.
On pourrait, dans le monde, sous les auspices du PNUD, du PNUE et de la Banque Mondiale et des ONG, effectuer un recensement des expériences dans chacun des grands domaines et mettre sur pied un système d’information et de transferts et concevoir des systèmes de diffusion et de financement.
Une part importante de la promotion et de l’écodéveloppement sera consacrée au milieu urbain.
Actuellement, la population qui était, il y a 30 ans encore aux 2/3 rurale, est devenue à 50% urbaine et sera, au début du siècle prochain, de quelque 70%. L’environnement couvre un ensemble de milieux, l’eau, l’air, le sol, les forêts, etc.. L’urbain trop souvent n’est pas considéré comme un milieu mais comme une atteinte aux milieux. Pourtant, il fonctionne aussi comme un élément vivant, comme une boucle, avec des intrants et des produits.
La responsabilité de l’environnement urbain est largement décentralisée au niveau des municipalités. L’échelle internationale est donc très loin des situations. Mais on pourrait, au niveau mondial démultiplié à l’échelle régionale, apporter un « plus » . Par exemple :
• La constitution de bases de données d’expériences urbaines
• Un système d’échanges et de formation sur la gestion urbaine

3. Une redevance mondiale pour les problèmes globaux
L’une des premières études de nouvelles formes de financement de l’action internationale pour l’environnement a été lancée en 1971, à la veille de la Conférence de Stockholm sur l’environnement. L’idée de création d’un « Fonds mondial de gestion de la planète » alimenté par des redevances internationales payées par les usagers de l’environnement ou par ceux qui prélèvent sur des ressources (« droits de péage » sur l’utilisation des océans et des airs, ou sur les émissions de gaz à effet de serre) fait son chemin … Peut-être la Conférence de Rio pourrait-elle la voir aboutir ? Il suffirait que le principe et quelques orientations soient arrêtées pour que la Conférence de Rio soit, ici, un succès.
Au plan de la réflexion, les textes se sont multipliés depuis 1971 : 2ème rapport du Club de Rome 1976, Tinbergen, Steinberg et Yager 1978 (écrits à la demande de Maurice Strong), Owen 1987, Brown et Weiss 1989, Mario Henrique Simonsen 1989, Opshoor et Vos 1989.
Ce qui motivait les premières études dans les années 1970, motive encore davantage aujourd’hui ceux qui s’en occupent : les interdépendances globales croissantes appellent des programmes internationaux et donc des financements internationaux importants et durables. L’environnement global est un bon thème pour justifier une redevance mondiale.
Les propositions internationales ou mises en œuvre nationales d’écofiscalité commencent à se multiplie au plan international (Et, au plan national, voir quelques exemples en note.)

➢ 1970 Proposition du Comité de Développement de l’ONU pour financer, sur la possession de biens durables, le développement international
➢ 1971 Création d’un Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures
➢ 1976 Proposition de l’Arabie Saoudite à l’ONU : taxe de 0.01$ par baril de pétrole
➢ 1980 Commission Brandt
➢ 1990 Premières réflexions sur l’écofiscalité à l’échelle régionale : l’Europe
communautaire
L’analyse des types de ressources financières est une chose : celle de leur affectation en est une autre. Certains ont pensé que la priorité serait le financement d’une agence mondiale de l’environnement (le PNUE, par exemple, reçoit 50 à 60 milliards de dollars/an). Mais d’autres estiment qu’il faut éviter tout financement institutionnel et que l’essentiel doit être affecté à des projets précis liés à l’environnement global, par exemple, les travaux de prévention contre les risques dus au réchauffement des climats.
De là, toute une réflexion se fait jour, sur les financements volontaires et des contributions, qui permettraient aux populations et aux entreprises de participer, par des « obligations » aux opérations de notre terre.

4.Renforcer l’échelon régional : les écorégions
La planétarisation des problèmes de l’environnement et la mondialisation des échelons de décision qu’appelle leur solution, ne peut convenablement se mettre en œuvre qu’en cultivant l’échelon régional. On ne peut pas se satisfaire d’une « culture sans sol ». Et même si les nations sont des clefs indispensables pour l’action, on ne passe pas, de 160 Etats, sans courroie de transmission, au niveau planétaire, les régions pour l’environnement et le développement, doivent être actives.
Des régions existent : certaines sont polyvalentes, dotées d’institutions appropriées : par exemple, l’Europe communautaire.
D’autres se cherchent, que l’environnement – développement peut révéler : c’est le cas, par exemple, du bassin méditerranéen. Fondées sur un patrimoine commun d’espace, de milieux, de cultures, ces « écorégions » peuvent aujourd’hui prendre un essor. Des premiers pas ont été franchis avec ce que l’on appelle les organisations de « mers régionales ». Il faut les renforcer sur le type de coopération en Méditerranée ou en Asie où travaillent, ensemble et en réseau, de nombreuses institutions.
On peut ainsi s’efforcer de lancer des coopérations au niveau, par exemple :
• Des pays à dominante de désertification
• Des pays de condition tropicale
• Les îles
L’important est que ces régions travaillent en ouverture sur la planète et non comme un système fermé.
Penser planète, agir écorégions
1992 pourrait donner un coup d’envoi aux « écorégions du monde »

5 . Des aires de protection et développement durable pour 5% du monde
Certains espaces naturels ou culturels sont de qualité mondiale, parce qu’exceptionnels, ouvrages humains ou spécimens rares de la diversité biologique. Ils méritent, dans l’intérêt de l’humanité, par leur fragilité, une désignation mondiale et une gestion exemplaire.
Certains espaces comme les mers (70% de l’espace mondial) ou comme l’Antartique (2%) appellent une attention planétaire et un statut approprié facilitant la conservation. Le droit des mers, depuis longtemps international, acquiert peu à peu une dimension planétaire qui ne pourra que se renforcer au cours des années. La mer devient un bien commun. Le statut de l’Antarctique est aujourd’hui au cœur de débats internationaux qui tendent à conférer une place particulière à cette région du monde.

Les autres espaces sont sous la souveraineté d’Etats : certains, relativement restreints en surface, ont été dotés de statuts particuliers ; par exemple de réserve mondiale de la biosphère ou de « patrimoine mondial » accordé par l’Unesco qui a, là, joué un rôle déterminant à partir d’une initiative lancée en 1972 par une convention internationale (1).

Ces opérations constituent un pas en avant, tout à fait décisif en ce sens qu’elles marquent à la fois la nationalité du bien (aucune procédure de classement ne peut être lancée, si ce n’est à l’initiative des Etats), et l’impératif d’une conservation mondiale.

Les réserves de biosphère qui couvrent déjà plus d’1% des zones terrestres donnent lieu à réexamen régulier et en 1990, un premier bilan effectué par l’UNESCO est en cours sur le « patrimoine mondial » (2)
Le « patrimoine mondial » bute sur les problèmes d’arbitrages de moyens et de gestion au quotidien. Il apparaît que, trop souvent, la priorité de protection est mise à mal soit par des choix qui relèvent d’autres priorités, soit parce que mal reliée aux dimensions économiques. La force du titre de « patrimoine mondial » n’est pas suffisante et il n’y a pas, le plus souvent, de directeur ou d’institution pour le gérer. La qualité de patrimoine mondial ne confère pas aux espaces et aux biens les moteurs nécessaires pour une gestion convenable, c’est-à-dire, en particulier, des structures pour une gestion dotée d’une certaine autonomie. De plus, les moyens financiers ne sont pas renforcés en proportion, surtout dans les pays en voie de développement.
Il est proposé pour 1992, d’imaginer et de lancer un nouveau statut pour des terres fragiles d’intérêt mondial.
•Serait affirmé le caractère exceptionnel de l’espace à gérer de manière « durable » : à ce stade, l’objectif serait que ces espaces naturels représentent 1% de l’espace terrestre mondial.
•Serait réaffirmée l’initiative nationale sans laquelle aucune politique internationale ne garderait ses racines.
•Les espaces naturels du patrimoine mondial seraient plus larges que ceux actuellement pris en charge par l’UNESCO soit au titre du patrimoine mondial soit au titre de « réserve biosphère ».
•L’organisation de la gestion des aires mondiales de protection et de développement devra être renforcée et précisée : elle pourra comprendre plusieurs types de statut juridique. Mais tous devront préciser la direction, le conseil scientifique, le budget, la comptabilité, le contrôle.
•Un système de concertation avec les populations locales devrait être monté, afin qu’elles se sentent pleinement associées au destin de l’aménagement et du développement du territoire.
•Ces territoires seraient prioritaires pour des remises de dette.
•Ces territoires pourront avoir une vocation à être de espaces ouverts à la conservation de la diversité biologique et recevoir l’appui du GEF (Global Environment Fund) à ce titre.

6.Des brigades d’intervention rapide
Les responsables de pays se trouvent parfois confrontés très rapidement à des pollutions accidentelles ou de catastrophes mais aussi à des décisions rapides pour l’action. Certains pays sont démunis, à la fois de moyens de diagnostic et d’intervention.
La communauté mondiale pourrait organiser une solidarité envers les pays les moins équipés :
➢ Par la mobilisation rapide d’experts capables d’analyser une situation et de conseiller les autorités sur les mesures à prendre d’urgence ou à court terme : brigades pluridisciplinaires d’analyse de situation et de préparation de l’action.
➢ Par la constitution de brigades d’intervention qui peuvent intervenir rapidement en cas de situation critique.
Ces équipes de diagnostic et ces équipes d’intervention prendraient appui sur des réseaux d’experts et de centres répertoriés au plan de régions ou de sous-régions en complétant, pour les dernières, le travail de l’UNDRO. Faut-il créer pour cela une nouvelle institution ? Le problème n’est, en tout cas, pas au niveau de l’organisation centrale mais de la rapidité de fonctionnement du système.
Du fait de son exploitation en temps réel, l’Observatoire mondial évoqué p.4 pourra aussi servir la surveillance continue, notamment, pour les transports. La surveillance des circulations pourrait être améliorée, en particulier pour les transports maritimes avec l’identification, pour chaque transport, d’une « carte d’identité » des produits dangereux ou à risques. Il est possible de disposer, par les techniques spatiales, d’un système de surveillance qui assurerait le suivi des transports de ce type.

7. Droit, institutions et sanctions
L’efficacité de bonnes relations entre environnement et développement réside dans l’amélioration du système institutionnel, le renforcement du droit international et l’établissement d’un système de sanctions.
• Sur le premier point, les institutions internationales ne sont pas parfaites. On peut les améliorer et, si cela était nécessaire, en créer de nouvelles. On constate que le PNUE existe pour l’environnement mais que des champs ne sont pas couverts ; pour l’énergie par exemple. Faut-il ou non d’autres institutions spécialisées ? Faut-il des coordinations plus efficaces ? Certains l’envisagent. D’autres insistent, non sur les institutions thématiquess nouvelles, mais sur l’autorité mondiale de décision et d’arbitrage qui fait défaut aujourd’hui.
• Le droit international de l’environnement – sauf pour les mers – est très récent : on doit forcer la mesure et aller au plus vite pour créer un droit de l’environnement grâce aux conventions qui se multiplient mais qui souvent, ne sont pas suffisamment précises. On voit combien des règles, pourtant simples, comme celle du « pollueur-payeur » ont été importantes lorsqu’on les internationalise bien dans le droit international ou dans les droits nationaux.
• Le droit international comporte aujourd’hui trop peu de sanctions. Le domaine de l’environnement est à peine concerné et le renforcement du « code pénal international » serait pourtant bien utile. Aussi, encouragera-t’on une réflexion internationale sur ce sujet, afin que, non seulement, quelques critères précis (découlant par exemple, du principe « pollueur-payeur »), puissent être appliqués et que des instances soient désignées pour être saisies des litiges comme des manquements à la solidarité mondiale.

-VI- DES CLEFS POUR IMPLIQUER LA SOCIETE CIVILE

L’amélioration de l’environnement, global en tout cas, ne résultera pas des seuls efforts des institutions internationales, même si on en renforce l’efficacité. Il sera le fruit d’une implication plus complète et plus spontanée (c’est-à-dire sans contraintes et polices excessive) des acteurs économiques et sociaux : associations, entreprises, particuliers, etc.).

1. Une éducation responsabilisante pour la gestion de la terre
Depuis vingt ans, la pédagogie de l’environnement a progressé, mais elle est très nettement en retard dans certains pays et pour certains milieux et certaines espèces ; de plus, elle n’est pas intégrée, comme il convient, dans les programmes et dans les disciplines du développement et réciproquement. Il serait utile, en le reliant bien à l’enseignement et au contact avec la vie et la nature hors les murs, de renforcer l’effort. Il faudra, non seulement des campagnes de sensibilisation et d’éducation, mais aussi des matériels pédagogiques. La pédagogie, en effet, a besoin aujourd’hui, de plus de contact avec la nature et les milieux, mais aussi de matériels pédagogiques pour relier la compréhension des problèmes in situ à ceux du monde.
La pédagogie des problèmes d’échelle planétaire a, elle aussi, grâce à la télévision, a fait des progrès considérables. Mais l’effet pervers de cette mondialisation réside dans le déracinement des problématiques et dans l’absence de jugement relatif que l’on peut porter sur ce qui se passe chez soi, par rapport à ce qui se passe dans le monde.
Or, il faudra resituer l’éducation dans les liens qui existent avec le lieu de vie, la région, le monde. De plus, l’éducation devant la mondialisation, a besoin d’être d’autant plus responsabilisante, que les problèmes à l’échelle mondiale ont pour effet de démobiliser le citoyen ou le futur citoyen. Les problèmes mondiaux sont tels que chacun se dit : qu’y puis-je ?
Aussi, un vaste programme d’éducation responsabilisante devrait être entrepris. Une opération commune à plusieurs organisations des Nations Unies serait utile (UNESCO en particulier). Mais il faudra y associer des partenaires efficaces (ONG, entreprises) et notamment travailler à l’échelle régionale. L’objectif : fabriquer des matériels régionaux d’initiation à l’environnement au sens large bien relié au développement.

2. Les ONG s’engagent
1992 sera, sur place à Rio, un rendez-vous entre les responsables des Etats et ce que l’on appelle les « secteurs indépendants ». Il doit surtout être le prélude à une action durablement efficace.
Le problème est d’aider les ONG à devenir meilleures et plus efficaces pour l’environnement-développement.
Les ONG ont deux fonctions : celle d’interpellateurs des « establishments » qui exercent une part de pouvoir, mais aussi celles d’organes engagés dans l’action.
Agenda 21 leur permettra à cet égard de prendre des engagements précis. Enfin, les ONG, comme d’ailleurs d’autres groupes du corps social, peuvent s’engager dans un partenariat ; il faut les y encourager.
Il convient d’apporter aux associations les facilités qui leur permettent de se projeter dans l’avenir et de mieux afficher la manière dont elles comptent prendre en charge une part de la problématique environnement du monde.
Là encore, la dimension régionale est intéressante : les ONG pourraient jouer un rôle actif à ce niveau.
L’année 1991 pourrait être tout à fait décisive à cet effet, en suscitant des réunions des ONG d’environnement-développement en Méditerranée, en Amérique Latine, en Caraïbes, etc., en complément des grands rendez-vous prévus au plan thématique (industrie à Rotterdam en avril 1999, réunion à Paris en décembre 1991 environnement).

 

 

3. Des incitations pour les acteurs économiques
Les responsables d’entreprises et, plus généralement, les acteurs économiques n’ont pas aujourd’hui de suffisantes incitations pour agir dans le sens d’un bon environnement ou d’un développement « durable ».
Certes des principes existent qui ont eu un réel effet : la règle du « pollueur-payeur », par exemple, mais elle relève plutôt de la dissuasion que de l’incitation. Il faudrait d’autres codes et surtout des codes positifs.
Il faudrait concevoir des systèmes d’encouragement à bien faire.
Pour ne considérer qu’un exemple : les comptes publics et privés n’intègrent pas les coûts de l’environnement. Une comptabilité patrimoniale introduite dans les comptabilités permettrait de revoir le classement des biens, de mesurer les prélèvements pour la protection du patrimoine ou le renouvellement des ressources, de récompenser les « bons » investissements.
Des amortissements ou provisions pour cause d’environnement, s’ils étaient adoptés, feraient beaucoup pour inciter les entreprises. La comptabilité est un élément décisif pour l’économie de marché et pour intégrer l’environnement dans les paramètres de l’économie.
Au plan international, à l’échelle des pays, on pourrait aussi revoir les comptabilités. La référence du PNB, par exemple, qui charrie des notions tout à fait fausses de richesse et de croissance pourrait être réexaminée.
1992 pourrait être l’occasion de soumettre à l’ONU, une identification de la situation des pays, mieux adaptée à leur condition réelle.
Ainsi, la liste des « pays les moins avancés » pourrait être revue à la lumière de pays qui ne survivent qu’en prélevant massivement sur leurs ressources naturelles. Ce nouveau regard ne serait pas fait pour le plaisir du classement mais pour revoir les incitations et les aides internationales liées au PNB.

(1) 51 pays sont impliqués dans cette opération (Amérique 3, Amérique Centrale et du Sud 11, Europe 12, Moyen-Orient 9, Inde et Asie du Sud-Est 5, Australie, Nouvelle-Zélande 2, Asie 1, Afrique 17 (dont 5 Afrique méditerranéenne, 5 sahélienne et 7 tropicale et méridionale). Ce « patrimoine mondial », il est fait de 133 biens culturels et de 72 espaces naturels ; 13 ayant ces deux dimensions.
(2) Il est intéressant pour le patrimoine culturel (environ 150 monuments) mais moins adapté aux espaces naturels (80, de trop faible taille en général). De plus, le choix des espaces est tourné sur le passé (mot anglais « Héritage »).

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