Ignacy Sachs Directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociales

Ignacy Sachs
Directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociale

Journée d’hommage à Serge Antoine le 4octobre 2006
La seconde rencontre providentielle fut celle de Serge Antoine. C’était en 1971, à une réunion informelle convoquée au palais des Nations à Genève par Maurice Strong, canadien, secrétaire du futur programme des Nations unies sur l’environnement.
Nous avons sympathisé et il m’invite à collaborer avec lui. Il est à l’époque le bras droit du ministre d’État de l’Environnement français, Robert Poujade. Le ministère n’a pas encore ses propres locaux. Il siège dans un local cédé par le ministère de la Marine. Il manque des bureaux et Serge, membre du cabinet du ministre, officie derrière un paravent dans une grande salle avec une très belle vue sur la place de la Concorde. Il commence à m’associer à ses initiatives. Il y a le Haut comité à l’environnement auprès duquel je deviens un moment expert associé.
En quittant les Nations unies en 1974, Maurice Strong nous invite tous deux dans son chalet alpin près de Saint-Gervais, à un colloque privé pour discuter à bâtons rompus de l’avenir du monde. Il loue l’hôtel du village afin de loger la vingtaine d’invités. Parmi les participants se trouvent le successeur de Strong au PNUE, l’Égyptien Mustapha Tolba, Marc Nerfin, son ancien chef de cabinet… Ahmed Ben Salah, le ministre tunisien de la Planification déchu qui s’est échappé de prison et qui se cache en Europe. Ce dernier prépare le couscous pour tout ce beau monde.
Sur le chemin du retour, nous faisons un détour par le château de la Ripaille au bord du lac Léman, les propriétaires de ce château acceptent de mettre leur demeure à la disposition du programme des Nations unies pour l’environnement à condition toutefois que le gouvernement français paye les travaux nécessaires à sa rénovation. Nous sommes tous emballés par ce projet. Nairobi est devenu le siège principal du PNUE, mais par souci d’efficacité, le programme aurait besoin d’un siège en Europe. Malheureusement, le gouvernement ne se précipite pas et l’opération n’aura pas lieu. Serge ne se décourage pas pour autant, il a bien d’autres fers au feu ! Il est l’âme du Centre d’étude sur le futur dans la Saline royale d’Arc-et-Senans. Il se passionne pour les montgolfières, sa femme le suit en jeep pour récupérer le pilote et le ballon… Il organise de merveilleuses fêtes de la fraise à Bièvres dont il est maire adjoint. Il s’occupe d’une revue de prospective et aide à renflouer Futuribles après la mort de son fondateur Bertrand de Jouvenel. Serge s’apparente à un volcan d’idées toujours en activité. Il s’occupe encore des parcs naturels régionaux, dont il fut un des créateurs, des villes et des communautés locales. C’est lui qui pilotera en 1992 à Curitiba la fusion des quatre principales associations de maires dont le mariage officiel se fera que douze ans plus tard.
Entre Serge et moi, la complémentarité se fait par affinité, nous avons le même tempérament. […]

Extrait du livre d’Ignacy Sachs, La troisième rive, à la recherche de l’écodéveloppement, Paris, Bourin Éditeur, 2008, chap. « Paris carrefour du monde », sous-chap. « … Et Serge Antoine », p. 236-238.

Cette entrée a été publiée dans Développement durable, Environnement, Témoignage sur Serge Antoine. Placez un signet sur le permalien.

Laisser un commentaire