Journée d’hommage à Serge Antoine le 4 octobre 2006
Je souhaiterais tout d’abord remercier madame Aline Antoine, les membres de l’Association Serge Antoine, la DIREN d’Île-de-France et les services du ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, pour l’organisation de cette journée consacrée à Serge Antoine et la publication de ces Actes. Je sais que Serge Antoine n’appréciait guère les compliments, mais je crois que c’est Robert Poujade qui a sans doute le mieux résumé sa personnalité. À l’occasion d’une discussion très technique sur l’ingénierie, notre premier ministre de l’Environnement de 1971 à 1974 s’était soudain exclamé : « Le génie de l’environnement ! Je le connais, il est dans mon cabinet, il s’appelle Serge Antoine. » Un génie qui avait coutume de dire qu’il « fallait toujours réfléchir à 30 ans ».
Si le ministère a tenu à soutenir la publication des Actes, c’est qu’ils représentent beaucoup pour nous, responsables publics, agents, professeurs, chercheurs ou sociologues engagés dans le développement durable. Ils constituent d’abord une véritable fresque couvrant la quasi-totalité des domaines d’intervention de ce grand ministère du Développement durable, dont Serge Antoine fut d’une certaine façon l’un des pionniers ou l’un des principaux inspirateurs : l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement, l’urbanisme, la coopération internationale… De plus, ce livre permet de retracer 40 ans d’histoire, notre histoire à tous, depuis les premiers pas de la Datar et du ministère de l’Environnement dans les années 1970 jusqu’à la conférence de Johannesbourg en 2002, à laquelle d’ailleurs participait Serge Antoine en sa qualité de président d’honneur du Comité 21. Ces Actes sont enfin l’occasion pour nous de nous replonger dans l’œuvre considérable de Serge Antoine, dans ce roman que fut sa vie, roman aux nombreux chapitres : la délimitation des régions françaises, la création des parcs naturels régionaux, la défense de la vallée de la Bièvre, les conférences de Stockholm et de Rio, les agendas 21 locaux, ses collaborations avec les plus grands intellectuels français, Gaston Berger, Fernand Braudel, Bertrand de Jouvenel… Roman qui doit être lu et relu pour que nous aussi, nous soyons capables de « toujours réfléchir à 30 ans ».
Alors que le Parlement vient d’adopter le projet de loi de programme de mise en œuvre du Grenelle Environnement, qui reprend strictement les engagements pris par les parties prenantes, comment ne pas voir que nous sommes tous, directement ou indirectement, ses héritiers ? Et en ce moment si particulier de notre histoire, où notre pays décide collectivement d’engager une véritable rupture écologique et économique, je ne peux m’empêcher de citer Serge Antoine, qui en ce 29 mars 2004, avait une fois encore, vu plus juste et plus loin que les autres : « Le développement durable ne se décrète pas. Ce n’est pas non plus un label à coller sur un bon produit. Sa définition est très ouverte ; elle se fait en marchant ; sa lisibilité est un peu celle de l’Homme invisible de Wells où le corps n’apparaît qu’une fois revêtu de bandelettes. C’est sa mise en œuvre qui lui donne sa force. » Le Grenelle Environnement, ses objectifs et ses enjeux, étaient déjà là.
Jean-Louis BORLOO
Ministre d’État
Ministre de l’Écologie, de l’Énergie,
du Développement durable